Telegraph-road

Blues pour un chat noir.

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- C’est quoi c'bordel avec l’amour là ? Comment ça s'fait qu’on devient dingue à c'point ? T’imagine le temps qu’on passe à s’prendre la tête là-d'ssus ?

Quand t’es seul tu t'plains : est-ce que j'vais trouver quelqu’un ?
Quand t’as quelqu’un : est-ce que c’est la bonne ? Est-ce que j'l’aime vraiment et est-ce qu’elle m’aime autant que moi je l’aime ?
Est-ce qu’on peut aimer plusieurs personnes dans sa vie ? Pourquoi on se sépare ? Est-ce qu’on peut réparer les chose quand ça part en couille ? Toutes ces questions à la con qu’on s'pose tout le temps ! ... Pourtant on peut pas dire qu’on n'y connaît rien ! On est préparé putain : quand on est petit on lit des livres d’amour, on lit des contes, on lit des histoires d’amour, on voit des films d’amour ! L’amour, l’amour, l’amour !

- Et si tu la rappelais juste ?

Les Poupées Russes.

La pluie martelait les terres défrichées. Colin traversait les paysages d'un pas rapide. Sa Bible à la main, il dévalait les vallons escarpés. Il voulait la retrouver, la serrer dans ses bras. Elle était si petite, elle était si faible. Un oiseau incapable de voler plus haut que les arbres, une couleur aux pigments si clairs. Lorsqu'il arriva à hauteur du lac, des canards prirent leur envol dans un cri démesuré. Elle était là, parsemée de hoquets étranglant sa sérénité. Ses larmes s'écrasaient contre l'herbe humide d'une aube d'hiver. Elle était une aube à elle seule, si seulement, se disait Colin en s'approchant d'elle, ses éclats de rire, ses yeux de chipie, sa façon de lever les yeux au ciel quant tout paraît fou, ses petits doigts qui détachent le coton des nuages, son sourire quand tout paraît difficile, et ses mots, chiffonnés, brouillonnés, qu'elle ne sait exprimer correctement, et l'ineffable à ses pieds, l'indicible dans la paume de sa main tiède, l'unique dans les abîmes insondables de son âme.
Maladroit, hésitant, il décida de s'asseoir près d'elle. Subrepticement, il osa jeter un regard sur ses petites joues trempées de paillettes lacrymales. Un sourire triste lui mordit les commissures. Il ouvrit sa Bible et lu, sans s'arrêter, des heures entières, dans le froid oppressant de l'hiver, sous la cinglante tombée de pluie morose, son épaule contre la sienne.
Son papa était décédé, alors que dire quand la Bible peut tout dire ?, se répétait Colin, anxieux. Et Chloé, dans la léthargie qui émane d'une douleur inexorable, dans un mouvement imperceptible, engouffra ses petits doigts frêles dans ceux de Colin.

Elle lui chuchotait des mots tendres aux cols de ses chemises,
subrepticement, sans jamais qu'il n'entende.

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De toute façon, il y a des contextes sur tout. Un contexte pour les fleurs, un contexte pour les études, un contexte pour une expression, un contexte pour l'amour. Tu es un contexte. Et elle est un contexte aussi ; ton contexte. Et elle te plaît, ce contexte, non ? Bon, hé bien, invite-la au restaurant, un soir, ton contexte. Peut-être bien qu'elle aura un sourire de contexte.
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Elle dit qu'elle va faire le tour de la terre,
et qu'elle sera rentrée pour dîner.

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